A Tassin, le directeur du centre social de l’Orangerie revient avec nous sur ce qui a été vécu pendant ces 2 mois de confinement.
Parmi les différentes propositions que le centre social a développées, y a-t-il quelque chose qui retient particulièrement votre attention ?
Oui, je dirais que c’est la mobilisation de l’équipe des bénévoles qui a été remarquable. Ils sont restés très en lien avec l’équipe du centre social, ils se sont vraiment impliqués. Par exemple, chaque matin une de nos bénévoles envoyait aux adhérents un mail pour débuter la journée avec une proposition d’activité (énigme, jeu…), de la musique ou de l’évasion (merci Youtube), de la poésie… C’est elle qui était à la manœuvre, c’était son idée et son envie, et ça a bien marché pour garder le lien et la bonne humeur.
Comment ne pas évoquer également l’accompagnement scolaire ? On a poursuivi : les jeunes envoyaient des photos de leur travail (à faire ou fait) et une dizaine de bénévole ont assuré pour les suivre et avancer avec eux. Je savais qu’ils étaient engagés mais j’ai été bluffé par cet investissement-là, qui a souvent demandé plus de temps que d’habitude (tous les jours pour certains).
Par ailleurs, d’autres se sont manifestés pour être bénévole. C’est ainsi qu’à travers la référente de l’atelier informatique, le contact a été repris avec ceux qui étaient passés par l’atelier, pour voir s’ils avaient besoin d’aide et de déblocage.
Pour entretenir le lien et la dynamique en place, nous avons pu mettre en place des visio avec nos bénévoles.
Pour moi, c’est très beau et très significatif de voir la relation de chacun au Centre social pendant ce temps de confinement : on a vu que les bénévoles portent aussi très à cœur le projet du centre social. On est bien 3 entités : les familles/ adhérents, l’association avec l’équipe professionnelle & le CA, et les bénévoles. Cela forme une belle triangulation.
Et pour demain, est-ce que ce temps de confinement éclaire des choses ou en change d’autres pour la mission et le rôle du centre social ?
Oui. Il me semble qu’un point essentiel de travail à l’avenir réside dans la culture du numérique. Et j’ai notamment en tête l’enjeu de la démocratisation des outils numériques : si les gens étaient équipés et s’ils avaient eu la formation à certains outils : le confinement aurait été tout autre, et les aurait moins isolé. Parallèlement, nous aussi, au centre social, on a bien vu qu’il y a une compétence qu’on a besoin de développer pour l’avenir. Cette question touche tout le monde : les bénévoles, le public (certains n’ont pas d’adresse mail)… J’ai demandé aux collègues de détecter tout ce qui a été bloquant sur cette période. Nous en interne, si on avait eu quelqu’un de compétent et dédié à cela, qualifié sur ces outils 2.0, on aurait certainement pu faire autrement et toucher différemment les familles et les habitants.
Pour nous, en interne au centre social, on va réorganiser les choses : cela va nous faire réfléchir à notre organisation et nos moyens de communication tout particulièrement je crois. Face à la belle vitalité de l’ensemble des parties prenantes, il y a de nouveaux outils à s’approprier pour animer le lien social, des outils qui doivent venir en complément et au service de notre projet social, car s’il n’y avait que des applications et des pages de réseaux sociaux, cela ne suffirait pas pour construire la culture commune de notre maison ! Mais on s’aperçoit que ces outils participent à faire vivre nos maisons.
Un étonnement en tant que directeur ?
Cette belle mobilisation de tous : les équipes, les bénévoles, les couturières volontaires de quelques jours répondant à l’appel de la commune que nous avons relayé (grâce à elles, 500 masques ont été produits, par une quinzaine de couturières)… Mais aussi des adhérents, très présents, très demandeurs et avec de nombreux retours sur nos initiatives ou propositions (surtout des remerciements de garder le lien…). Cette « épreuve » nous a mis ensemble, un lien fort et particulier s’est développé avec les familles et usagers. Quelque chose de l’ordre de l’attachement je crois.