3 questions à Pascale Gautier, déléguée générale de la Fédération des centres sociaux du Rhône et de la Métropole de Lyon
Ce temps de confinement que nous vivons depuis 1 mois et demi a vu naître dans quasi chaque centre social des initiatives spécifiques ou la poursuite des actions et projets en cours mais dans des formats ou sur des supports complètement atypiques pour eux. Qu’est-ce que cela dit des centres sociaux du Rhône ?
Ce qui est impressionnant et que l’on peut relever très nettement de ce temps extra-ordinaire : les centres sociaux sont des organisations adaptables, bien plus que ce que l’on aurait pu penser.
La capacité à imaginer une autre façon de fonctionner est bel et bien là et s’est mise en place rapidement, pas de temps de latence et notamment avec d’autres manières de communiquer et d’échanger ! Au-delà du temps actuel qui nous « oblige », on sent que beaucoup d’acteurs des centres sociaux s’adaptent à ces méthodes innovantes, comme ces conseils d’administration qui se retrouvent en visio et où les bénévoles dits seniors sont loin d’être les derniers à se connecter, à participer et à échanger.
Notre réseau démontre aussi actuellement sa capacité à rester en lien avec les institutions, signe que ce travail de dialogue et de concertation est bien ancré dans notre ADN ! Dès le début de la crise sanitaire et de ce temps atypique de confinement, la consultation de nos interlocuteurs dans les collectivités locales, la co construction avec la CAF du Rhône, l’échange d’informations avec les CCAS et les autres acteurs locaux de solidarité & d’animation du lien social ont été des réflexes et des évidences pour toutes les associations. La Fédération a facilité ce lien par la publication régulière aux interlocuteurs cités d’un tableau de synthèses de toutes les actions du réseau 69.
Pour autant, l’organisation des missions du centre social « en mode confiné » a nécessité un effort tout particulier d’information et de communication l’équipe fédérale a aussi perçu le besoin très fort d’accompagnement des pilotes, une demande d’avancer ensemble autant pour avoir les idées au clair que pour se soutenir et partager questionnements, idées et ressources.
« Notre réseau représente pour chaque association adhérente un espace de confiance qui semble encore plus précieux en temps de crise. »
Les centres sociaux ont-ils joué leur rôle depuis mi-mars selon vous ?
Oh que oui ! Les centres sociaux ont été tout à fait à leur place en réinventant les manières de faire vivre le lien social malgré la distanciation sociale.
Ils ont su rester eux-mêmes en poursuivant un projet qui s’adresse à tous mais en gardant ce souci particulier des plus fragiles. Les centaines d’initiatives déployées ont permis de demeurer particulièrement présents à travers l’entrée familles et seniors/intergénérationnel, qui sont au cœur de nos projets sociaux. Leur proximité avec ce qui se passe dans le quartier ou la commune (ou Com de com) s’est avéré d’autant plus crucial avec le confinement, jouant ainsi un rôle de « veilleur social » de manière beaucoup plus nette et perceptible par tous qu’habituellement. Les habitants aux manettes dans les Conseils administration ont également trouvé leur place après quelques tâtonnements et aujourd’hui on peut dire que la plupart des CA ont pris leurs marques et que la vie démocratique des structures est active : les échanges ont lieu, les décisions sont prises.
Tout ceci n’a cependant pas empêché chacun de traiter les dossiers de fond : ainsi une douzaine de centres sociaux ont rendu leur projet social pendant cette période de confinement (avec un léger délai accordé avec bienveillance par la CAF du Rhône quand cela a été nécessaire).
« Les centaines d’initiatives déployées ont permis de demeurer particulièrement présents à travers l’entrée familles et seniors/intergénérationnel, qui sont au cœur de nos projets sociaux. »
Quel rôle particulier a joué et joue la Fédération dans cette situation particulière ?
Les missions de la Fédération pour accompagner, animer et représenter les centres sociaux se sont poursuivies, n’ayant rien perdu de leur pertinence, bien au contraire !
L’équipe fédérale s’est organisée en télétravail principalement pour :
- rester aux cotés des centres : appui aux directions sur des questions ou situations précises, relais d’informations juridiques / RH / règlementaires / pratiques…
- continuer le travail d‘animation du réseau: e-réunions hebdomadaires ou régulières avec les directions & e-rencontre en bassins géographiques maintenues, visio pour les groupes de travail thématiques, travaux / échanges et avancées pour des dossiers centraux comme le Bien Vieillir, les Modèles socio-économiques, le Développement Durable et la recherche-action sur les centres sociaux en difficulté.
- poursuivre et nourrir le dialogue et la collaboration avec les institutions: l’énergie et le temps accordé à ces échanges a plus que doublé depuis mi-mars. Les grandes Villes, la Caf, la Métropole, la Préfecture… nos interlocuteurs, habituels et nouveaux, sont très intéressés de savoir ce que l’on fait et de connaître notre avis car ils sentent bien que nous sommes le reflet de ce qui se passe dans les territoires. Travailler avec notre réseau très vaste rassemblé autour d’un chef de file : cela leur convient bien. Il est très aisé pour eux de traiter avec un interlocuteur qui se donne garant d’être l’écho de son réseau. Cela ouvre déjà à de la co-construction de projet pour plus tard et démontre notre utilité sociale. Et ça marche parce que le réseau joue le jeu : quand on interpelle les centres sur tel ou tel sujet pour connaître leurs enjeux, leurs besoins, leurs ressentis, leurs questions etc. on a des retours rapides que l’on peut donc rassembler et faire remonter pour contribuer et être entendu ! C’est là la force de notre réseau : la richesse des projets de chacun (avec des profils variés) associée à la fluidité de nos échanges grâce à la confiance et l’entraide qui sont au cœur de notre collectif.